11-12 oct. 2018 Le Mans (France)

Intervenants et résumés des communications > Dilek SARMIS

Dilek SARMIS (EHESS – CETOBaC) : « La Vie de Jésus de Renan dans l’Empire ottoman et en Turquie : une réception compliquée, entre historicisation des religions et défense de l’Islam »

Dilek Sarmis est post-doctorante à l’EHESS (CETOBaC), spécialiste d’histoire intellectuelle de la Turquie. Après une thèse sur la réception de Bergson dans l’Empire ottoman et en Turquie, elle travaille actuellement dans le cadre du projet ANR-DFG Prophet et se spécialise en histoire des sciences et des savoirs, en particulier sur la question des porosités entre savoirs religieux et sciences humaines et sociales.

La réception d’Ernest Renan dans l’Empire ottoman est d’abord celle de ses écrits sur l’Islam et la science, que les Ottomans de la fin du 19e siècle, et parmi eux l’écrivain et journaliste Namik Kemal, ont perçus comme un champ de bataille intellectuel majeur pour se légitimer dans l’espace scientifique européen. Dans les lectures et débats qui ont émergé, la défense de l’identité islamique présente des caractères complexes : corrélée à la réception d’Auguste Comte et à la controverse entre le réformateur musulman Al Afgâni et Renan, elle est l’occasion de repenser les relations entre Islam et science -et en particulier la problématique de la rationalité de l’Islam et des rapports entre révélation et raison- dans le contexte des développements intellectuels et universitaires significatifs des dernières décennies impériales ottomanes. La Vie de Jésus de Renan a été traduite pour la première fois en ottoman en 1330/1914 par M. Nâhîd sous le titre Hayat-ı Yesu. Hazret-i İsa’nın Hayat-ı Husûsiye ve Peygamberîsinden Bâhisdir. Si cette traduction est intéressante dans le sillage des controverses qui se sont développées les années précédentes autour de l’œuvre de Renan, elle doit se penser en lien avec la tradition ottomane de la Sîra (genre littéraire biographique) du Prophète, et doit également être mise en vis-à-vis avec le devenir des savoirs religieux à l’université ottomane alors en plein développement, en particulier avec la place prise par l’approche historiciste de la religion et de ses prophètes dans les ouvrages d’histoire des religions.

 

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